Yoga postural

Yoga postural : la prévention pour et par le kinésithérapeute

1. Le yoga postural, entre tradition et modernité

L’extraordinaire évolution de l’humanité est liée à notre capacité unique de transmission de nos connaissances et de nos savoir-faire de génération en génération. La transmission du yoga a été très longtemps orale, de maître à disciple. Le Hatha-Yoga Pradipika est l’un des textes les plus représentatifs et les plus complets de la littérature sur le Hatha-Yoga. Sa rédaction est assez tardive, elle reprend et développe certains aspects du yoga de Patanjali. Les connaissances qui nous parviennent maintenant méritent d’être étudiées et respectées, comme ayant été synthétisées par des générations de pratiquants assidus.

Présenter un « Yoga Postural » peut paraître à la fois redondant et réducteur, puisque si les postures (Asanas) font évidemment partie des huit branches généralement indiquées comme constituant l’Arbre du Yoga, elles n’en sont qu’un élément arrivant en quatrième position après :

⊕ Yama : Renoncement ⊕ Nyama : Discipline ⊕ Pranayama : Maîtrise du souffle

Et avant :

⊕ Pratyahara : Intériorisation ⊕ Dharana : Concentration ⊕ Dhyana : Méditation ⊕ Samadhi : Éveil

Les offres modernes de Yoga sont pléthoriques et très diverses, et elles font actuellement l’objet d’un véritable engouement mondial, l’Inde elle-même ayant créé un Ministère du Yoga accompagnant un nombre incalculable de formations et de diplômes soutenus par des programmes télévisés incessants ! Il s’agira, dans la pratique posturale du Yoga, d’étudier de façon cohérente une partie des pratiques proposées par le Yoga, sans les dévoyer, en limitant volontairement leurs objectifs à des effets de santé et de bien-être tout, en étant conscient de leur environnement philosophique et spirituel. Nous retiendrons pour cette pratique des Postures qui visent à libérer le corps et l’esprit de ses tensions habituelles, à assouplir les articulations et à mieux faire circuler les énergies, la nécessité de maîtriser en même temps son souffle, la capacité à rester un certain temps complètement immobile et la recherche d’une concentration détendue dans la vérité de l’instant.

Cette période d’expérimentation et d’entraînement appelée « cours de yoga » prendra tout son sens et toute sa saveur dans un prolongement régulier (matinal) des postures, permettant la transformation progressive du ressenti de sa vie quotidienne.

2. Les postures, pourquoi ?

La kinésithérapie se définit comme la thérapie du mouvement et non pas la thérapie par le mouvement, car paradoxalement, la mise en immobilité prolongée dans une posture donnée permet ensuite un gain important de mobilité. Cette absence de mouvement est difficile à réaliser dans nos sociétés modernes qui nous poussent en permanence vers l’agitation parfois jusqu’à l’épuisement. Les grandes postures du Yoga (asanas) ont été « sélectionnées » au fil du temps comme de véritables « clefs » permettant de libérer les tensions du corps, de relâcher la musculature profonde, d’ouvrir les articulations bloquées, d’harmoniser les circulations des liquides sanguins et lymphatiques, de renforcer l’influx nerveux et de relancer l’énergie stagnante. Chaque posture a sa particularité, son identité et ses effets. Il en existe plus de 300, permettant de nombreuses variations, qu’il faudrait pouvoir maintenir longtemps sans effort, avec plaisir…

Aucune recherche de performance, aucune visée acrobatique, aucune contraction se surajoutant à des tensions déjà existantes, aucune volonté même de « réussir » la posture en se battant contre soi-même, ne sont demandées. L’acceptation de la sensation d’inconfort, la recherche permanente de détente, la perception des plus petits changements dans les tensions du corps, un esprit ouvert, la recherche d’une « décompression » globale des structures seront possibles en se reliant, en calmant et en allongeant en permanence son souffle. Cette maîtrise du souffle (Pranayama) s’étudie d’abord en posture assise (Siddhasana) à travers des formes de respiration spécifiques, des suspensions, des respirations unilatérales, permettant l’harmonisation, la régulation, l’allongement des deux temps d’inspiration et d’expiration, qui serviront ensuite de support à la posture. Une telle pratique posturale permettra une détente et une revitalisation en profondeur du corps, pour un esprit plus calme et plus ouvert.